John Maeda : De la Simplicité

Les 10 règles de la simplicité selon John Maeda

John Maeda, l'un des grands webdesigners de notre temps, enseigne au MIT de Boston. Ses œuvres numériques sont exposées dans le monde entier. Auteur de De la simplicité (Payot), il a élaboré dix lois, dont voici le résumé.

1 - Réduisez

Pour atteindre la simplicité, le mieux est la réduction méthodique. Mais attention à ce que vous éliminez ! Vous devez restreindre les fonctionnalités d'un système sans que celui-ci en pâtisse.

2 - Rangez

Avec de l'organisation, un ensemble de nombreux éléments, bien ordonnés, semble plus réduit. Toute la difficulté de votre schéma d'organisation pour venir au bout de ce chaos qu'est la complexité consistera à savoir ranger. Pensez à l'organisation de votre penderie.

3 - Faites gagner du temps

Tout paraît plus simple au consommateur si on lui fait économiser du temps. Et pour cause ! Dès qu'on attend trop longtemps (pour accéder à une fonctionnalité de son ordinateur ou entrer dans un complexe sportif), la vie semble inutilement compliquée.

4 - Facilitez l'apprentissage

La connaissance simplifie tout. Plutôt que proposer un mode d'emploi décourageant, faites en sorte qu'à la simple vue du produit, il se dégage une impression de familiarité, une compréhension quasi immédiate du fonctionnement, qui évite d'avoir à l'apprendre. Préférez la douceur du designer (qui sait marier fonction et forme pour créer des expériences intuitives) à la brutalité de l'ingénieur, obsédé par la technicité et les performances.

5- Cultivez la différence

Simplicité et complexité ont en fait besoin l'une de l'autre. Dans un marché complexe, une offre simple se distingue. C'est, par exemple, l'offre tarifaire triple play de Free dans un univers d'offres très touffues. C'est l'iPod beaucoup plus facile d'emploi que tous les lecteurs MP3 du marché.

6 - Tenez compte du contexte

L'arrière-plan a une grande importance. Ne vous focalisez pas sur la seule simplicité.

7 - Mettez de l'émotion

Simplicité n'est pas synonyme de rabat-joie. Simple ne veut pas juste dire minimaliste et fonctionnel. On peut faire simple tout en véhiculant beaucoup d'émotion.

8- Grâce à la simplicité, vous donnez confiance

En optimisant le design de son produit, en en simplifieant l'usage, on inspire confiance. Dans le service, il faut penser à l'acte d'achat, donner au client la possibilité de le rompre : le pouvoir de revenir sur un achat facilite ce dernier. Ainsi, savoir que l'on peut échanger le vêtement que l'on veut acheter donne confiance.

9 - N'ayez pas peur de l'échec

Certains éléments ne peuvent être simplifiés. Autant le savoir avant de se lancer dans une vaine ou coûteuse quête de simplicité qui est, en fait, hors de portée.

10 - Proposez moins pour en donner plus

La simplicité consiste à soustraire ce qui est évident et rajouter ce qui a du sens. C'est la loi cardinale, selon John Maeda.

Compliquer les choses sous couvert de les améliorer, c'est la tendance actuellement. Regardez par exemple les lecteurs DVD et leurs myriades de fonctions ! Et les logiciels, ne sont-ils pas accompagnés de monstrueux modes d'emploi ? Le problème, c'est que nous voulons à la fois que les objets soient simples et faciles à utiliser et qu'ils accomplissent les tâches les plus complexes... Ce paradoxe gouverne le design, l'économie, la technologie, et notre vie quotidienne. Pourtant, il n'est pas difficile de faire simple. C'est ce que montre John Maeda dans son livre malicieux guide de la simplicité à l'âge du numérique, où l'on apprend comment aller à l'essentiel, avoir de l'organisation, atténuer les pertes de temps, ne pas mésestimer les émotions, et même... faire confiance. De quoi regagner un peu de sérénité !

Né en 1966 à Seattle dans une modeste famille d'immigrés japonais, John Maeda est aujourd'hui le plus célèbre des web-designers. Son œuvre numérique est régulièrement exposée dans le monde entier et fait notamment partie des collections permanentes du San Francisco Museum of Modern Art et du Museum of Modern Art de New York City. Il enseigne les arts et les sciences numériques au prestigieux Media Laboratory du Massachusetts Institute of Technology (MIT) de Boston.

John Maeda a été l’élève de Paul Rand, et de Muriel Cooper au Massachusetts Institute of Technology ("MIT"), dont il est diplômé et où il dirige le département Aesthetics and Computing Group. Il est également titulaire d’une thèse doctorale en design de la Tsukuba University Institute of Art and Design au Japon.

Il a créé en pionnier dans un registre mêlant les arts plastiques, le design, la typographie et l’interactivité, une œuvre originale faite de travaux de commande en design (pour Sony, Shiseido, Cartier) d'expérimentations personnelles parues sur CD-ROM (Tap, Type, Write en 1998 ; 12 O’Clocks en 1997 ; Flying Letters en 1996 ; Reactive Square en 1995 ; tous chez Digitalogue co). Son travail n'est pas sans rappeler les formes pionnières de l'abstraction géométrique. On pense par exemple à Vera Molnar (née à Budapest, Hongrie en 1924).

Il a mis au point une méthode d’apprentissage de la programmation nommée design by numbers qui est le titre d’un livre, ainsi que d’un programme éponyme. Cette méthode s'adresse particulièrement aux non informaticiens que sont souvent les designers graphiques. Deux de ses anciens étudiants, Benjamin Fry et Casey Reas, ont poursuivi dans cette direction pour réaliser Processing, un environnement de design interactif très prometteur, basé sur la plate-forme Java.

John Maeda est l’auteur de plusieurs livres majeurs sur le design interactif : Creative Code, maeda@media, et Design by Numbers. Son travail a reçu plusieurs prix, dont les Japan's Mainichi Design Prize en 2002, Smithsonian Institution's National Design Award en 2001, le Design Management Institute Muriel Cooper Prize en 2001 et le Daimler Chrysler Design Prize en 2000.

Il a été choisi pour être le président de la Rhode Island School of Design (à partir de juin 2007).